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Le toucher conscient

Cours de sensibilisation au toucher conscient dans le cadre de la profession d’ambulancier

Shiatsu pour ambulanciers -

Formation pour les élèves de deuxième année

La rencontre avec le monde des ambulanciers rappelle combien la dimension du toucher thérapeutique n’est ni un luxe ni une mode mais bien une nécessité sociale.

 

En 2003 été créé pour des élèves ambulanciers de deuxième année de l'école de Bois-cerf à Lausanne un cours de sensibilisation du toucher. Nous l'avons repris en 2006 en nous demandant de quel matériel des étudiants ambulanciers, déjà actifs sur le terrain, avaient besoin? .

 

Notre expérience professionnelle nous avait amené à pratiquer le Shiatsu au CICR à l'époque où un soutien psychologique était inexistant. Travailler sur des personnes ayant été confrontées à des situations choquantes et de grande détresse humaine, revenait à dégoupiller des bombes à stress à retardement. En effet une grande partie de la mémoire d'un vécu traumatique est logée dans les tréfonds du corps, les images chocs et les émotions liées s’en échappent quand les mains s’y apposent. Pour peu qu’on stimule le corps par le toucher, qu'on offre un espace à cette mémoire, les mémoires refont surface. A fortiori, quand un travail verbal ou de debriefing a déjà été entrepris, le travail corporel ne fait que d'amener de l'eau au moulin, facilitant la formulation et la compréhension d'événements jusque là inaccessibles.. On pourrait parler ici de mémoire corporelle ou cellulaire

 

Pour comprendre et cibler les besoins d’une approche corporelle spécifique à une formation pour ambulanciers, il nous fallait rencontrer le quotidien des professionnels.

1. JOURNEE D'IMMERSION  DANS  L'UNIVERS DES AMBULANCIERS

 

« Ambulance service » bonjour.

« - Que voulez-vous savoir de nous ? me demande le responsable des journées d’observation à Ambulance Service Genève.

-  Mieux vous connaître avant de devenir un de vos profs, mais à vrai dire je ne sais pas vraiment ce que  je viens chercher. Je suis praticienne de Shiatsu et je prépare un cours sur le toucher conscient.. 

- Ah, bon ? Et bien c’est bien, répondit-il, il y en a tellement qui enseignent sans rien savoir de ce que nous vivons. ! 

Ma franchise m’avait au moins valu de nous mettre sur un terrain d’entente,

- Venez à 7 heures avec des chaussures de montagne. »

A 7 heures en hiver il fait encore nuit. Toutes à mes pensées allait à tous ceux pour qui, ce jour là, il allait arriver quelque chose. Je pénétrais dans le local. On me conduisit dans la salle commune où l’équipe de nuit papotait encore avec l’équipe de jour.

Pas de femme. Tony, un long brun, beaucoup plus jeune que la voix déterminée du téléphone, m’accueille. Il me propose un pantalon à bande réfléchissante, un T-shirt bleu, une veste avec le nom d’AMBULANCIER sur le dos et un gilet jaune. Il fait froid. J’enfile le tout.

Les hommes qui pleurent.

C’est ainsi que déguisée en stagiaire, je me présente à mon responsable de stage. On m’ouvre les portes d’une ambulance et me déballe l’ensemble du matériel sur le brancard sorti pour l’occasion. « Voici le sac rouge pour les hémorragies,…. le sac bleu pour l’oxygène, et puis le jaune. Voici comment on procède pour les réanimations cardiaques … le matériel à intuber, les perfs, les seringues… tout est à double… Tout est inspecté après l’équipe de nuit … désinfecté. »

 

Tony parlait, il était passionnant, clair, concis, précis. J’écoutais avec respect, stupéfaite de découvrir autant d’instruments à disposition, de produits, de paramètres à respecter, toute cette technique à maîtriser, et cela dans la tourmente d’une urgence. J’étais tout à la fois admirative, passionnée et dubitative quant à ma présence en ces lieux. « En plus des stages en gériatrie, en pédiatrie, en gynécologie, en cardiologie, psychiatrie et j’en passe, on a des cours pour les situations à risque, violentes" ajoute Tony.

 

Il s’arrête de parler, lève la tête et me demande abruptement mais chaleureusement « Mais au fond pourquoi êtes-vous là ? » Silence. J’appréhendais cette question, je ne me sentais pas à ma place, juste très curieuse ou peut-être voyeuse, en tout cas bien loin de mon futon et de mon hara. Je prends mon souffle.

« J’essaie de comprendre ce qu’une praticienne de Shiatsu peut apporter en terme de connaissance du toucher. Qu’est-ce qu’un jeune stagiaire doit savoir au niveau du toucher en arrivant ici ? La manipulation et le transport de personne sont déjà enseignés. Il reste sauf erreur l’aspect du contact avec la personne transportée et le toucher entre collègues. Apprendre à gérer une situation qui vous mette en état de choc. 

- Par état de choc vous voulez dire tension émotionnelle ? 

- Oui,  pardon, stress, pas choc pathologique. 

- Honnêtement, me répond Tony, je n’ai jamais vu deux ambulanciers pleurer dans les bras l’un de l’autre après une intervention et c’est dommage. C’est de cela dont nous aurions besoin. »

 

Je reste clouée sur place. Tony avait énoncé cela sur le même ton neutre que son cours sur le matériel de base d’une ambulance. Je ne m’étais pas attendue à une telle franchise. En tout cas pas dans un monde d’hommes versés dans l’urgence, avec ce brin d’ego qui fait d’eux « les sauveurs », comme j’en avais déjà rencontré dans des casernes de pompiers professionnels.

 

Les temps changent. Il y a de plus en plus de besoin d’humanité. Tony venait de toucher mon terrain. En effet, combien de personnes ne peuvent se permettre de pleurer que chez un thérapeute ? Les amis ne sont pas toujours disponibles, les conjoints ont leur dose de meilleur ou de pire, les églises, seuls lieux de recueillement, sont fermées et la nature est loin. Pleurer, rire, crier, lâcher ce que le corps peut dire au-delà des mots qui définissent mal le désarroi, l’horreur, la peur ou l’injustice, faire vivre le corps, c’est le domaine des approches corporelles. Que ma clientèle, dite privilégiée, qui fait le quotidien de ma pratique l’attende, c’est une chose, mais qu’une personne confrontée à d’autres réalités le réclame comme revendication de base, c’est inespéré.

 

A partir de là, le reste de la journée fut une étourdissante démonstration de cœur, de capacité humaine, comme j’en avais encore rarement vue.

 

Les ambulanciers qui Zen-ifient.

Alors que nous parlions, un homme au corps souple, yeux bleus foncés, fortes mâchoires étirées par un large sourire, s’assied sur un établi. Il balançait ses pieds attendant sans doute un ordre quelconque. « Ce métier, on l’a commencé il y a une vingtaine d’années  avec les voitures d’un garage et des brancards. Ça a bien changé depuis. » Cette gueule d’ange, Olivier, mon deuxième coéquipier, était en fait le patron de cette entreprise familiale. Nous étions de la même génération. Pour lui, tous les employés sont directement impliqués dans le bon fonctionnement de la boîte. A lui de s’assurer de la cohésion de l’équipe, d’organiser des sorties de ski, restaurant et cours en groupe afin de maintenir au plus haut l’esprit d’équipe. J’apprendrai que cela est une des clés d’un travail tel que celui-ci.

 

Le 144 avait appelé. C’était pour nous. Je sautai à l’arrière, Tony conduisait, brûlant les feux roulant à contre-sens au son des sirènes.

 

A la première intervention, en sortant de l’ambulance, alors que je m’étais décidée à ne pas mettre de gants en caoutchouc pour ne pas être tentée d’intervenir, Olivier me pinça le bras. Une manière à lui de me signaler que tout irait bien et que j’étais déjà intégrée dans l’équipe.

 

Le toucher faisait bien partie du langage professionnel de l’ambulancier. Je restai sur le côté à observer. On emmenait une jeune femme prise d’un malaise dans le tram. Fatiguée de son divorce, épuisée d’avoir oublié de manger et perturbée par la prise de fortes doses d’antidépresseurs : elle aurait été une bonne cliente pour un Shiatsu avant d'en arriver là, ne puis-je m'empêcher de penser.

 

Durant le trajet vers l’hôpital, un bilan complet était conduit avec délicatesse et précision. Je découvrais la réelle aptitude des ambulanciers à mener un questionnement précis, non intrusif mais essentiel pour le parcours à venir du patient dans le domaine de sa prise en charge. Quel que soit l’état de la personne transportée, la question se faisait sans a priori, humainement et avec cette particularité de redonner un axe, une perspective, à la personne ramassée dans la rue.

 

« Les ambulanciers sont les personnes qui Zen-ifient » m’avait dit la nounou de ma fille qui avait vécu deux graves accidents de moto. « Quand ils arrivent, même si tout le monde panique pour toi, tu peux te détendre. Ils te relaxent, te disent que c’est ok, que tout va aller mieux. Alors tu peux de nouveau sourire, lâcher la peur. »

 

A la deuxième intervention, je tremblais. Un enfant. Difficulté respiratoire lors de la visite médicale dans une permanence. Aussitôt sur le lieu, après trois minutes de conduite frénétique au son des sirènes, confrontés aux mines décomposées de la famille, des infirmiers et des médecins, mes gars, les ambulanciers, avaient déjà repris de l’assurance. « Tiens, on a refait la peinture ici ? Vous sentez l’odeur ? » Bien sûr que tout le monde avait senti, mais y fait-on attention quand la vie d’un enfant est en jeu ?

 

Le cardio-mobile nous avait rejoint. Une fois sur place, le temps se ralentit. Tout comme durant un Shiatsu, le continum temps varie. Les personnes, les paramètres sont étudiés sereinement, les équipes évaluent ensemble les traitements à faire sur place, l’hôpital ne servant plus qu’à traiter le long terme.

 

L’équipe ressort de là avec le matériel respiratoire attelé simultanément à l’enfant et aux ambulanciers. Etrange vision de similitude pour un thérapeute qui travaille de manière continue avec son client, rythmant sa respiration à la sienne pendant toute la séance. Je réalisais aussi que tout avait été pris en considération lors de cette intervention : les lieux de sorties avaient été étudiés avant même de savoir comment entrer, les gens avaient été tous vus, dénombrés, les éléments suspects comme les odeurs remarqués, la relation de l’enfant avec ses parents respectée.

 

Je croyais que seuls les maîtres japonais étaient capables de faire un diagnostic avant même que la personne ne parle et ce, seulement en regardant sa posture, sa démarche, ses chaussures, sa manière de boire le thé. Les ambulanciers ont les mêmes antennes que nous, professionnels du Shiatsu, pour percevoir et engranger un maximum d’informations. Cette manière de faire permet d’extirper une personne d’une situation délicate et de la conduire à l’endroit qui lui convient, tout en ayant fait les gestes nécessaires à son mieux être immédiat.

En bas de l’échelle de soin se trouvent les clés du parcours thérapeutique

A la troisième intervention je faisais partie de l’équipe. Spontanément je sonne à la porte désignée. Olivier court vers moi et me jette sur le côté. « On ne sait jamais ce qui se passe derrière une porte ! » La porte s’ouvre, échange de regards. Ici, tentative de suicide. Le toucher est présent quand on met une perfusion, quand on habille, quand on touche pour sécuriser, pour soulager la douleur ou ranimer. Un regard permet aussi de toucher l’âme de la personne et d’obtenir les réponses clés dans le chaos d’une situation émotionnellement lourde. Cette information sera gardée sans jugement moral, elle permet aux ambulanciers qui connaissent bien le système, de prévoir au mieux le parcours que suivra cette personne à partir de la prise en charge ambulancière et ceci pour le bien propre du transporté.

 

A l’intervention suivante, on a bien rigolé avec un vieux junkie que l’on pensait retrouver mort, tant la dose de médicaments prise semblait incroyable. Ce rire était le rire de ces gens qui savent que même dans la plus grande détresse il y a du bonheur, qu’il suffit de taper juste pour le déclencher et raccorder les violons qui nous feront chanter la vie encore un peu.

 

Mais le rire s’arrête dans la salle d’attente des urgences de l’hôpital. La prise en charge est alors autre. Le royaume des ambulanciers est un univers sans tabou qui se déploie l’instant d’un transport. L'ambulancier est en bas de l’échelle de soin là se trouvent les clés du parcours thérapeutique. Je décidai de relever le défi de Tony et de travailler de manière à laisser aux ambulanciers la capacité de s’octroyer le droit de pleurer quand ils en sentiraient le besoin, afin de conserver ce rire et cette âme.

 

Un métier à risque.

Les ambulanciers des autres entreprises rencontrés dans les garages des urgences de l’hôpital de Genève le disent : le risque de perdre cette qualité de contact est grand. Les horaires sont lourds : deux fois 12 heures de jour, deux fois 12 heures de nuit et quatre jours de congés. Peu ou pas d’espace de détente pendant les heures d’astreinte sans interventions. Le débriefing verbal entre collègue existe mais quand on sait que la mémoire est ancrée dans le corps il n’y a guère que le sport et le jeu pour en venir à bout. La retraite est à 65 ans et la plupart sont à bout à 50 ans. Il n’y a pas d’alternative à ce travail. On ne peut devenir ni chauffeur de taxi, ni infirmier.

 

« Il suffit que notre vie personnelle déraille et toutes les interventions refont surface. Celles qui touchaient des gens qui ressemblaient à nos proches sont souvent les plus traumatisantes » Tony avec ses 5 ans d’expérience sait déjà que se blinder émotionnellement est plus dangereux que de lâcher prise. Et qu’il est vital de faire l’effort de profiter de ses congés pour se détendre.

 

Il est 19h heures quand je les quitte. Mes épaules sont tendues d’avoir été d’astreinte durant 12 heures, tendues du fait que j’étais prête à intervenir et que j’appréhendais la rencontre avec le drame. Dans les quelques moments de disponibilité entre les interventions, on a fait des tentatives de se masser les épaules. Ouais, ça passait parce que j’étais une fille mais un massage entre hommes c’eût été trop bizarre.

 

Des métiers proches

Les métiers d’ambulancier ou de praticien de Shiatsu se ressemblent étrangement de part une relation humaine particulière. Tous deux sont capables de créer, l’espace d’un instant, dans un cadre où le temps est relatif et le jugement absent., un espace pour se reconstruire. Pour le praticien de Shiatsu comme pour l’ambulancier la seule chose qui compte est de remettre la personne dans l’axe de sa route en lui offrant une terre d’asile.

Si pour le praticien de Shiatsu la polyvalence du toucher est un outil essentiel il en est de même pour à la profession d’ambulancier. Cette polyvalence du contact le toucher thérapeutique, permet de coordonner et d’intégrer des informations multiples que l’on met à tort dans le domaine de l’instinct.

 

2. LE COURS.

Suite à ces journées, il nous a semblé essentiel de centrer notre cours sur deux aspects du toucher :

I. La conscientisation du toucher dans le cadre de la relation Ambulancier-Patient 

II. L’approche du toucher pour l’ambulancier comme outil thérapeutique entre collègue ou de reconnaissance de son propre stress.

 

I a Le travail de prise de conscience du toucher dans le cadre de la relation Ambulancier-Patient  part du principe qu’avoir un toucher de qualité est, sinon inné, du moins conscient. Il est difficile, dans le cadre du cours, d’enseigner le toucher. Nous pouvons toutefois aborder les différents aspects du toucher quotidien afin d'en les mettre en lumière et sensibiliser sa mise en pratique professionnelle. Le stage est somme toute p lus physique et pratique qu'intellectuel.

Nous proposons donc des d’exercices permettant de mieux ressentir le toucher sur soi, et donc de mieux pouvoir l’appréhender en relation avec autrui.

I.b le travail en équipe. Le travail d’équipe étant inhérent à la profession d’ambulancier, il est essentiel de prendre conscience de cet aspect et de se l’approprier. Une large place est ainsi laissée aux réflexions de chacun afin de sortir de l’isolement, et de créer une dynamique de groupe.

 

Ic. définition du toucher à la lumière du métier d'ambulancier.

Chaque exercice étant double  - toucher autrui, se faire toucher par autrui - il permet d’aborder rapidement des thèmes multiples en synergie avec les mouvements appris. De plus le public d’élèves ambulanciers n’étant pas un « public acquis », nous avons du focaliser l’attention sur l’aspect pratique de la profession d’ambulancier.

Par exemple :

Quand on arrive sur le terrain, il n’y a pas de détails négligeables. Tout est porteur de sens, tout est important, or le toucher ne se fait pas qu’avec les mains mais avec l’ensemble de ses sens :

. toucher, vue, odorat, ouïe, goût

. proprioception (message interne du corps)

. mouvement, geste, attitude.

. simple présence (résonance)

. intuition

. double intérieur , représentation , mémoire d’expériences vécues.

 

Tout comme un « chuchoteur » de chevaux le fait en vérifiant son état émotionnel avant d’entrer dans le box d’un cheval en détresse, nous avons appris à mieux percevoir nos états émotionnels et celui d’autrui avant d’entrer dans le « box » de l’action.

 

Par l’approche corporelle, des exercices de Do-In ou des jeux puisés dans nos cursus d’enseignantes, nous avons abordé différentes approches d’un toucher à titre général :

 

le toucher agression : un vécu difficile au niveau du toucher peut isoler le patient quant à la prise en charge ambulancière

le toucher souffrance : mon corps me fait mal, le toucher ambulancier est nécessaire au delà de cette souffrance.

le toucher omission : ignorer l’aspect du contact par peur, fatigue, confrontation à des situations qui nous touchent.

le toucher nourriture : le contact qui nourrit l’humain, le fait grandir, le sécurise.

 

Nous avons ensuite abordé le toucher thérapeutique qui, mêlé aux gestes qui sauvent, est celui qui laisse une empreinte et permet à la vie de reprendre là ou le temps s’est arrêté.

 

le toucher miroir : permet au client de prendre conscience de ce qui lui est arrivé.

le toucher accompagnement : l’ambulancier par sa présence et son toucher sécurise le patient.

le toucher réparation : l’empreinte du moment passé entre les mains de l’ambulancier est déterminante pour toute la durée du processus de guérison du patient.

 

 

II. Approche du toucher pour l’ambulancier comme outil thérapeutique entre collègues et de reconnaissance de son propre stress.

 

Iia. Le toucher comme moyen de prévention :

Par le biais d’échanges verbaux nous avons abordé l’implication affective d’un ambulancier lors d'une prise en charge..

Cet engagement varie selon la nature de la situation, la projection relationnelle, la gravité de la situation, les échanges sur le terrain ou le transport, et selon l’attitude de chacun face au patient.

 

Certains ambulanciers rendent visite à leur transporté, d’autres leurs envoient des petits mots et certains ont pour règle de ne jamais chercher à savoir les suites de l’intervention. Tout est possible. Réfléchir à la raison de ses choix.

 

Au travail, les conversations entre collègues ambulanciers tournent très souvent autour d’une demande d’information sur ce qu’il est advenu de Mr. ou Mme Untel. Certaines personnes sont violentes ou agressifs face aux professionnels. Cette agressivité, en augmentation dans nos villes, soucie les ambulanciers.

 

Les transportés eux n’ont souvent qu’un souvenir vague de leur sauveur mais se rappellent d’un mot, d’un geste, d’un regard ou d’une ambiance. L’ambulancier lui, a besoin de savoir s’il a bien agit, si telle ou telle étape du sauvetage s’est bien passée. Ses seuls repères sont le transporté, ses collègues et son expérience professionnelle.

 

Pour pouvoir offrir un toucher de qualité il est donc nécessaire que ses propres besoins soient nourris, que ses actes soient validés soit par le transporté, au minimum par ses collègues mais surtout que sa propre confiance ne soit pas entamée ni par la fatigue, la perte de confiance en soi et le doute accumulé au fil des interventions.

 

IIb Le toucher : dérivatif de stress :

Si le dialogue est un outil connu des ambulanciers comme palliatif au stress. Le toucher reste un domaine mal connu, mal codé et donc incompris. Là ou les mots du mental ou du coeur s’arrêtent il reste une infinité de maux du sensible et du corps qui cherchent à s’exprimer par le toucher , le rire, le jeu, les pleurs, le cri. Il est essentiel pour un professionnel d’évacuer consciemment son stress plutôt que de noyer le toute un dérivatif qui pourrait devenir chronique et porter atteinte à la santé : l’alcool, le travail, l’isolement, la fumée ou le blindage émotionnel.

 

Ce cours rappelle et propose de découvrir qu’au-delà de l’échange verbal il reste un monde sensoriel qui a ses clés dans le contact ou la simple présence. Le but étant de reconnaître et utiliser le toucher en toute sécurité comme un des outils de débriefing entre collègues.

 

IIc.Le toucher facteur de cohésion dans le travail d’équipe :

Pendant le cours un participant reçoit un massage d’épaule de chacun des autres participants. Les élèves ont été surpris de réaliser que les a priori négatif ou positif vis-à-vis de tel participant ne se confirmaient pas au niveau du toucher.

 

Il est essentiel de pouvoir lever les ambiguïtés que notre société véhicule quant au toucher. Le toucher entre hommes est inhibé par crainte de passer pour un tendre, un mou et j’en passe ; entre homme et femme il est codifié comme étant les prémices d’un contact plus intime. Ce cours a permis de pouvoir franchir quelques tabous en toute sécurité et établir un nouveau langage entre collègues.

 

Conclusion

Le but du cours était de pouvoir apprendre à évacuer plus facilement le stress, créer des relations souples, ludiques et spontanées au sein de l’équipe, mieux percevoir son état émotionnel et reconnaître son état de stress..

 

Tous les exercices proposés naviguent dans l’un ou l’autre des domaines sus mentionnés. Il est difficile de décrire précisément quel exercice amène à quelle prise de conscience, il est le jeu de la dynamique de groupe, des sujets développés lors des feed back.

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